Ma journée dans l’Atlas marocain

Au Maroc, Marrakech est le point de départ idéal pour de nombreuses excursions à la journée. L’Atlas nous offre un grand bol d’oxygène. A l’Ouka, on fait du ski l’hiver. C’est la version berbère de Chamonix. L’été, on se prélasse au bord du lac Lalla Takerhoust.

En images…

Nous quittons Marrakech, sa palmeraie et une suite très confortable au Riad du Club Med – un espace cinq tridents où le champagne coule à flots, « all inclusive » – pour découvrir le Moyen Atlas. Petit rappel de géographie pour les nuls (que nous sommes tous !) : il existe le Haut Atlas, le Moyen Atlas et l’Anti-Atlas. Cette chaîne de montagnes se déploie majestueusement sur trois pays : le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Pas question de frimer, de faire un trek éreintant. Nous voulons tout simplement faire une virée d’une journée pour échapper à l’agitation de la Ville Rouge et à la fournaise de l’été. En quelques tours de roue, à bord d’une très confortable Land Rover Toyota Prado, nous voilà dépaysés. Au loin nous apercevons les monts enneigés sur fond de ciel bleu azur. A 3200 mètres d’altitude, l’Oukaïmeden (baptisé familièrement l’Ouka), la station de sport d’hiver la plus haute d’Afrique, est très prisée par les Marrakchis aisés. « Elle est dotée d’un unique télé siège et de six téléskis pour dévaler 26 kms de pistes », nous annonce fièrement Mohamed, notre sémillant guide.

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Adieu la place Jemaâ-el-Fna, la frénésie des souks, les lieux branchés de l’Hivernage. Un autre Maroc, si loin et si proche de Marrakech la jet-setteuse, nous attend. C’est celui des paysans, des berbères et … des artistes. Tahannaout, un joli village ocre perché dans la montagne, abrite Al Maqam, sa résidence d’artistes, sorte de Villa Médicis. Nous y découvrons une galerie arty à ciel ouvert où des peintres ont réalisé des œuvres murales qui s’égrènent de part et d’autre de la route. On l’appelle « le boulevard de l’art » et le prix du terrain s’y envole allègrement, car nous ne sommes qu’à 35 kilomètres de Marrakech. Un charmeur de serpents vient amuser les enfants, faire peur aux grands-mères tandis que son acolyte nous vend trois colliers en lapi lazuli et des mains de Fatma. Dans ces contrées pauvres, il faut survivre par tous les moyens. Des villageois nous accueille chez eux, nous font visiter leur verger, savourer un thé à la menthe sur le toit de leur maison en construction. « Quand nous aurons un peu d’argent, nous ferons à nouveau des travaux. Pour le moment, toute la famille vit au rez-de-chaussée », nous explique le chef de famille. Nous distribuons stylos et bonbons aux enfants qui nous attendent en bas de la route : ils sont ravis. Sur les terres d’Amanar, un écolodge héberge les voyageurs dans des tentes-lodges, une formule bivouac très appréciée, ou dans des cases en dur. L’eau est chauffée par le solaire, des ventilateurs remplacent la « clim ». Ce domaine écolo-touristique s’est transformé au fil du temps en Accro-park avec ses tyroliennes et ses ponts suspendus au dessus du vide : c’est la promesse d’une bonne dose d’adrénaline pour les aventuriers de 7 à 77 ans.

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Sur la route menant au barrage de Lalla Takerhoust, le petit douar d’Oumnast, abrite une étrange Kasbah datant de 1820. Elle a servi de décor à de nombreux films dont La Dernière tentation du Christ (1988) de Martin Scorsese. Après la traversée de paysages arides, place à une campagne bucolique plantée d’oliviers, d’orangers et d’amandiers. Des haies de figuiers de Barbarie quadrillent le paysage. Débarrassé des ses épines, ce fruit est charnu, juteux et gorgé de vitamine C. Bourré de pépins, il rivalise avec l’huile d’argan dans les Spa du pays. D’ailleurs, Marisa Berenson, l’actrice du film culte « Barry Lyndon » de Stanley Kubrick, qui vit une grande partie de l’année à Marrakech, ne s’y est pas trompée. Elle a créé une gamme de cosmétiques anti-âge à base de l’huile précieuse de la figue de Barbarie. Sur l’imposante muraille du barrage qui fournit toute la région en électricité est inscrite la formule rituelle « Dieu, la Patrie et le Roi ». Ce barrage a permis la formation d’un lac artificiel très apprécié des citadins qui viennent s’y rafraîchir les idées, mais la baignade est strictement interdite. En revanche, on peut pratiquer le jet-ski depuis deux ans. Bruyant et pas vraiment écolo ! Au relais du Lac, Daniel, un Français installé depuis 18 ans et ses deux grandes filles blondes (une mère finlandaise), nous régalent d’une cuisine marocaine traditionnelle. Pour nous abriter du soleil, point de parasol, mais d’immenses chapeaux de paille sont mis à la disposition de la clientèle. Les conversations vont bon train entre les habitués qui se retrouvent le week-end. Après le déjeuner, les contemplatifs optent pour la sieste sur un transat au bord du lac tandis qu’un petit groupe de curieux part explorer les environs en quad ou en buggy. Retour par les pistes du plateau de Kik. Magnifiques panoramas sur le massif du Mont Toubkal. En pisé, les maisons basses à toit plat semblent s’enfoncer dans la terre dont elles sont nées. Des paysans labourent encore à l’araire. Des bergers surveillent leurs troupeaux de moutons. Plus loin, paysage lunaire. Roche, rocaille et cailloux pour seuls compagnons. On descend des voitures, on arrête les moteurs et l’on goûte le silence. Rien n’arrête le regard sauf la ligne enneigée, au loin de l’Atlas.

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Par Corine Moriou

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