Antibes, l’amie des artistes

Antibes est la perle rare de la Côte d’Azur. Authentique et modeste, elle est en dehors de toute compétition avec Cannes. Son charme provençal, ses jolies placettes colorées, ses habitants aux accents chantants, en font une destination recherchée par les artistes. Le bonheur se cultive à l’abri des remparts. 

Par Corine Moriou

Antibes est une ville faite d’authenticité et de contrastes. Le port Vauban, premier port mondial de plaisance, accueille des habitués propriétaires de yachts passionnés de virées en mer, mais aussi de véritables hôtels flottants sur le « quai des milliardaires ». Les badauds en ont plein les mirettes de ces mastodontes des mers, même si le spectacle est d’une grande sobriété – pour ne pas dire inexistant – en comparaison des mises en scène « champagne, mini-jupes et gros cigares » qui se déroulent sur les yachts ancrés au port de St Trop.

A Antibes, il y a d’un côté les artistes, les voileux, les amoureux de la mer et de l’autre les milliardaires, les jolies filles et les skippers en free lance. Ce sont deux mondes qui se côtoient, mais rarement se fréquentent. Antibes a le charme discret, coloré, qui sent bon la Provence. Cette cité phocéenne est simple, joyeuse, bon enfant. Point de boutiques ostentatoires. C’est reposant… Ce n’est pas au Bikini Shop ou au Comptoir des Savonniers que l’on va faire chauffer sa carte Visa.

La ville reste modeste, voire un brin routinière, en dehors de toute compétition avec Cannes, sa voisine internationale à 12 kilomètres.Toutefois, au moment du Festival, les Sharon Stone, Diane Kruger, Brad Pitt et autres stars se réfugient à L’Eden Roc, le mythique hôtel les pieds dans l’eau du Cap d’Antibes. Dans la vieille ville, Le Michelangelo est réquisitionné pour organiser des soirées VIP en marge de la Croisette. So chic ! Mamo, le patron, est passé à la postérité depuis que la maison Chanel lui a confié un dîner pour ses 200 invités. Sa divine pizza aux truffes est hors de prix, mais elle est plébiscitée dans le monde entier.

 

Nous flânons dans le dédale des ruelles, faisant quelques haltes sur de jolies placettes. Chaque matin, le marché provençal installé dans l’allée centrale du Cours Masséna, anime le ventre de l’ancienne cité. C’est le rendez-vous chéri des vacanciers – au moins 50% d’hommes – qui aiment cuisiner, ripailler et rigoler.  Les bâtiments qui longent ce marché sont très anciens et constituaient au Moyen-Age ce que l’on appelait « La Bourgade ». On y goûte le poisson de Denis Genevese, la tapenade de Jean-Claude Guérin, l’huile d’olive de Francis Jourdan… Un lieu bruissant de personnages haut en couleur. Picasso, Jacques Audiberti, Nicolas de Staël déambulaient au milieu des étales ; leur souvenir plane au-dessus du toit du marché et fait la fierté de ces petits producteurs, les fils du pays.

Face à la colonne de la Place Nationale, offerte à la ville par Louis XVIII, le Musée Peynet et du Dessin humoristique nous invite à la nostalgie, au rêve et à la fantaisie. Les générations Y et Z connaissent-elle les Amoureux de Peynet ? Ce musée est un hymne à l’amour romantique. L’amour de Raymond Peynet pour son épouse Denise Damour (son nom de jeune fille) qu’il rencontra lors de sa première communion. Cela ne s’invente pas !

Nous poursuivons notre ballade, prenons de la hauteur. Depuis la rampe des Saleurs, ainsi nommée car les pêcheurs d’antan y salaient leur poisson, la promenade Amiral de Grasse déroule la splendeur de son panorama. Le tracé des remparts suit l’ancien chemin de ronde construit sur les plans de Vauban. C’est la plus ancienne partie d’Antibes, riche de trois mille ans d’histoire. Le Château Grimaldi est LA visite de la cité.

Revenons à la petite histoire. Suite à une rencontre sur la plage entre Picasso et Dor de la Souchère, le peintre accepta la proposition du conservateur d’installer son atelier dans l’une des salles du château. Il y peindra six mois durant laissant tout ce qu’il y réalisera et que l’on peut aujourd’hui admirer. Ici et nulle part ailleurs. Une salle du château est consacrée à Nicolas de Staël qui vécut à Antibes et y connut l’une de ses périodes les plus prolixes. Nous admirons des œuvres de LégerPicabia, Modigliani… Dans la Galerie du château, toiles et sculptures d’Arman, Combas, César et autres contemporains. On peut s’offrir ici un petit morceau de l’histoire de la peinture. Mais le portefeuille doit être aussi rembourré que les joues de cette jeune femme russe qui négocie avec le galeriste.

 

Nous nous rafraîchissons à la fontaine de la Tourraque près de l’ancien lavoir où les Antiboises du temps jadis faisaient leur lessive. En contrebas, nous rejoignons la Commune Libre du Safranier qui, comme son nom l’indique, est indépendante d’Antibes. La commune a son propre maire, son budget, et fêtera ses 50 ans les 3 et 4 septembre 2016 sur la Place du Safranier. Dans les ruelles étroites et fleuries, le soleil caresse les vieilles pierres où Prévert, Mistinguett, Graham Green ont aimé musarder. Notre confrère Jean Bertolino (52 sur la Une, ça vous rappelle quelque chose ?) a eu la bonne idée de vivre dans une maison aux volets verts perchée sur les remparts du Castelet. C’est assurément le « quartier » le plus charmant d’Antibes. Quelle tranquillité en plein mois d’août !

Mais il nous faut regagner Juan-Les-Pins pour profiter des belles plages. Au Royal Beach, c’est une toute autre planète ! Un « Beach boy » au tee shirt estampillé « I love Royal Beach » (tant mieux pour lui, c’est son job) nous taxe de 20 euros pour profiter d’un transat sur la plage à 17 heures. La musique bat son plein – bientôt le Happy Hour – alors que l’on aimerait écouter le roulis des vagues. Bain de mer rapide et efficace. Nous sommes « Happy », sereins, régénérés par la mère Méditerranée et de retour sur les remparts. Merveilleuse vision du Port d’Antibes par Eugène Boudin. Cette reproduction indique que c’est ici que le peintre a posé sa palette, en 1893. En hommage à la ville d’Antibes, Victor Hugo a écrit : «Tout ici rayonne, tout fleurit, tout chante. Le soleil, la femme, l’amour sont là chez eux. J’en ai encore le resplendissement dans les yeux et dans l’âme. » Nous, nous avons chaud au coeur le souvenir de notre séjour sur un bateau amarré au port d’Antibes et nos partances pour le bleu azuré des îles de Lérins.

 

Cinq incontournables d’Antibes

  1. Réserver les meilleures places pour le festival international « Jazz à Juan », en juillet.
  2. Se laisser chouchouter pendant un week-end Méditation & Detox programmé par l’Hôtel Belles Rives.
  3. Caresser, jouer, parler aux Dauphins du parc Marineland, puis acheter des verres au village de Biot, les « vrais » fabriqués au pays !
  4. Faire la tournée des galeries d’art à Saint Paul de Vence et déjeuner à La Colombe d’Or.
  5. Programmer une journée Thalasso et Spa au Thalazur d’Antibes et demander un massage avec Jean-Philippe, le talentueux responsable du Spa.

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