Croisière sur le Bou el Mogdad

Le fleuve Sénégal, frontière naturelle entre le pays de la Teranga et la Mauritanie a alimenté bien des mythes et inspiré de nombreux artistes. Temps Libre est monté sur le Bou el Mogdad, un bateau légendaire, à la faveur d’un voyage équitable pour en révéler toute sa beauté.

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6h30 du matin. Des femmes, coiffées de boubous colorés marchent d’un pas décidé le long du fleuve, s’arrêtent, les pieds dans l’eau et commencent à faire leur lessive tranquillement, laissant échapper quelques rires dans la quiétude ambiante, rythmée seulement par de lointains cris de coqs. Spectatrice de la scène et des splendides couleurs qui enluminent le fleuve Sénégal en cette heure matinale, j’ai, de prime abord la sensation d’être une intruse qui, du pont du bateau, regarde en voyeur la vie des autres. Mais cela n’est pas le cas. Le Bou el Mogdad fait partie intégrante du paysage du fleuve !

Un voyage fait de rencontres

Quelques minutes plus tard le capitaine fait sonner la sirène du départ. D’un côté se dresse le Sénégal, que l’on distingue par la verdure des rives, de l’autre, la Mauritanie, sa terre ocre et sèche où rien de semble vouloir pousser. La silhouette blanche du bateau, le seul désormais à naviguer sur ce fleuve frontalier coupé de la mer par un barrage, éveille la joie et les cris des enfants des villages : signes de la main et rires saluent notre passage, auxquels le capitaine de bord répond par de tonitruantes sirènes qui ne font qu’augmenter la ferveur ambiante. Sans avoir posé pied à terre, nous avons déjà un aperçu de la “Teranga”, l’accueil à la sénégalaise  !

Après quelques heures de navigation, le bateau s’arrête et les passagers prennent une pirogue pour se rendre dans un village. La rencontre avec la population locale, trop souvent oubliée des tours opérateurs traditionnels, est l’un des piliers des séjours Ushuaïa Voyages. Dès son arrivée, le petit groupe est reçu par la femme du chef en personne. La plupart des hommes étant dans les champs, le comité d’accueil est assuré par un groupe presque exclusivement féminin et enfantin. village Après une présentation du village et de ses quelques 100 habitants, le groupe entame une petite visite, entourée des bambins, ravis d’avoir une si inhabituelle visite ! Dans la démarche “équitable” du voyage, cette excursion est en effet un moyen de rencontrer et d’aider la population, le tour opérateur reversant une somme d’argent au village pour l’école et les soins médicaux notamment.

Visite des anciens comptoirs coloniaux

Les escales rythment ainsi la croisière, permettant d’alterner détente au bord de la piscine ou sur le pont et découverte du pays. Nous faisons ainsi escale dans l’ancien comptoir colonial de Podor, dont le fort, construit en 1744 et occupé successivement par les Français et les Anglais, vient d’être restauré. Escale suivante, dans un village Mauritanien où les voyageurs sont conviés à une danse improvisée au son du tam-tam, nous rencontrons la doyenne du village. A 93 printemps, elle est édifiante de tonus. Son secret ? Elle rit lorsqu’on lui pose la question : elle n’en a pas ! A l’image de cette rencontre hors du commun, la croisière révèle une autre façon de voyager, conciliant confort, rencontres humaines, découvertes culturelles et historiques : un émerveillement sans cesse renouvelé.

Le Bou el Mogdad, un mythe flottant

L’histoire de ce navire, le dernier à naviguer sur le fleuve, est intimement liée à celle du Sénégal. En 1951, le bateau, long de 50 mètres, assure le trafic de voyageurs et de marchandises entre Kayes au Mali et Saint-Louis, à l’embouchure du fleuve. Ces échanges pour le compte des Messageries du Sénégal sont vitaux pour les populations reculées dans l’intérieur des terres. Le “Bou” est racheté en 1972 par Georges Console pour assurer le fret puis distribuer l’aide alimentaire lors de la famine. Depuis 1978, il est destiné au tourisme. Lorsque le barrage de Diama est construit en 1981, les croisières sur le fleuve Sénégal s’arrêtent. Ce n’est que le 16 octobre 2005, grâce à la lutte acharnée de nostalgiques que ce bateau à remonter le temps renoue avec le fleuve : le pont Faidherbe à Saint-Louis fait alors rugir ses mécanismes plongés dans l’oubli depuis 20 ans pour laisser passer le navire, sous les acclamations des habitants.

Pratique :

Croisière 8 jours/ 7 nuits de Saint- Louis à Podor en pension complète à partir de 1 190 € TTC avec Ushuaïa Voyages by Ethnika. 01 55 28 39 99.

• Décalage horaire : 1h de moins en hiver et deux en été.

• D’octobre à juin.

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