Mon week-end de rêve en E-bike au Luxembourg

Je m’initie au cyclotourisme au Luxembourg, à seulement deux heures de Paris par le TGV. Le pays natal de Stéphane Bern est, en grande partie, recouvert de forêts traversées de pistes cyclables où le vélo est roi. Un régal pour les amoureux de la nature et du silence. Suivez la journaliste !

 Par Corine Moriou texte et photos

Pas moins de 173 nationalités différentes cohabitent dans ce pays mouchoir de poche (2586 km2). Le Luxembourg a le PIB par habitant le plus élevé du monde, selon le FMI. On y compte 150 banques employant 26 000 personnes. De nombreuses entreprises y ont installé leur quartier général, la fiscalité y étant très attractive. Mais si le Grand-Duché de Luxembourg est considéré comme un paradis fiscal dans l’Union européenne, il est aussi le paradis des adeptes du tourisme vert. Le territoire est très largement recouvert de forêts, bois, champs et rivières. Les pouvoirs publics sont fiers d’avoir fait du déplacement à vélo une priorité nationale ! C’est le pays rêvé pour s’initier au cyclotourisme avec 23 pistes cyclables sur plus de 600 kilomètres. Bref, c’est le grand luxe de circuler à vélo dans un pays riche où l’on est chouchouté.

Dois-je l’avouer ? Dans ma vie de globe-trotteur, je n’ai jamais pratiqué la randonnée à bicyclette. Je suis toute émoustillée à l’idée de tester cette aventure avec mes confrères. Notre groupe de journalistes est cosmopolite (Français, Allemands, Italiens, Néerlandais, Flamands, Luxembourgeois) et il respecte la parité hommes-femmes. Un joyeux melting-pot comme aime les organiser Brigitte, notre guide de l’Office du tourisme du Luxembourg.

Côté ambiance, je ne serai pas déçue. De 35 à 70 ans, ce sont des personnalités au caractère bien trempé. Certains sont spécialisés uniquement cyclisme, comme Xavier Cadeau, fondateur de Weelz, le mag leader de pignon. Bien vu ! Le programme du week-end s’annonce varié et ambitieux. En deux jours, nous allons traverser le pays d’Ouest en Est et découvrir le Gutland « le bon pays », le Mullerthal « la petite Suisse Luxembourgeoise » jusqu’à la vallée de la Moselle réputée pour ses vins, en bordure de la frontière allemande.

Samedi matin, rendez-vous à la gare de Luxembourg-ville à 8h45 : 20 minutes plus tard, nous arrivons dans la petite ville de Kleinbettingen. Un loueur de vélo nous équipe d’une monture adaptée à nos desiderata. Toutes les femmes, exceptée notre consoeure italienne, particulièrement sportive et entraînée (il faut le dire !) optent pour un vélo avec assistance électrique. Je ne le regretterai pas, car durant cette première journée nous allons parcourir 62 kilomètres et allons attaqué des dénivelés costauds.

CYCLOTOURISME DANS DE MAGNIFIQUES FORETS

Notre première piste cyclable, c’est la PC 12 de l’Attert (les pistes portent un numéro pour se repérer sur les cartes dédiés aux cyclistes), du nom d’une rivière belgo-luxembourgeoise. Rien d’étonnant puisque le Luxembourg est « imbriqué » dans le puzzle France, Belgique, Allemagne. C’est le bonheur de découvrir le Gutland, une campagne et des villages paisibles, une magnifique forêt. Je suis pleine de gratitude pour mes hôtes qui nous ont concocté ce parcours enchanteur, avec le soleil en prime. Nous sommes seuls au monde, parfois nous saluons un cycliste. Rare ! Ici pas de risques d’embouteillages de vélos comme sur les côtes de l’ile de Ré. Ce type de cyclotourisme n’est pas à la portée de tous : il est celui de personnes initiées qui ont bien repéré les atouts du Luxembourg !

Sur notre chemin bucolique, soudain un tunnel ferroviaire. Au bout d’un kilomètre, je vois enfin la lumière, mais je suis frigorifiée. En fait, la PC 12 occupe aujourd’hui l’ancienne voie ferrée comme en témoignent les carcasses d’une vieille locomotive verte et d’un wagon bleu. Un petit côté rétro qui nous amuse le temps d’une pause photos.

Je circule en double file (la route est à nous !) avec Jean-Pierre qui a sillonné 22 pays à vélo. Il me raconte ses périples en duo et me communique son enthousiasme, notamment pour les pays de l’Est. Pas étonnant qu’il écrive pour le magazine de la Fédération française de cyclotourisme. 

 

Redange, nous débarquons au Reidener Spënnchen, le charme d’une épicerie d’antan qui est aussi un snack raffiné. Je me régale d’une soupe carottes et gingembre, puis d’une tarte flambée tomates, poivrons, olives. Dans ce petit village, Charlotte, la propriétaire, dépanne en faisant également bar, tabac, loterie, presse… et pourquoi pas psy ? Je sirote mon café sur la terrasse. Et j’échange avec un couple de cyclistes tombés follement amoureux du Luxembourg.

 

En route, cette fois-ci, sur la PC 15 de l’Alzette, du nom cette fois-ci d’une rivière franco-luxembourgeoise. A Useldange, j’ose une photo de groupe afin d’immortaliser cette belle journée. Vous constaterez que Michel, notre guide es-cyclo, remarquable dans son vêtement jaune fluo, a la ligne d’un jeune homme. Il nous avoue parcourir 15 000 kilomètres par an. Dans une semaine, il sera à Lanzarote où il pédalera à raison de 150 km par jour. Qui veut l’accompagner ? Qui dit mieux ? Je vous le dis : il y a des addicts de la petite reine au pays de la grande-duchesse.


Les villages, les paysages défilent et je garde le sourire. Certains de mes confrères peinent à monter des côtes abruptes et portent un regard envieux sur mon E-bike. Nous reprenons notre souffle à Colmar-Berg, dans un fast-food sans grand intérêt en bordure de route. C’est le retour brutal à la civilisation. Nous avalons Coca-Cola, sodas et autres boissons bien sucrées pour récupérer un peu d’énergie. Michel nous fait remarquer, juste en face de nous, le château de Colmar-Berg qui est mis à la disposition de la grande famille ducale. Un Fort Brégançon, version luxembourgeoise en quelque sorte. Le grand-duc Jean et la grande-duchesse Charlotte ont laissé cette résidence à leurs successeurs et se sont retirés dans le beau, mais plus modeste château de Fischbach. Depuis le décès de son épouse, Jean y vit seul.

CULTE DU VELO ET CULTURE

Un dernier effort physique et nous voilà arrivés à Larochette, un très romantique village où domine un château fort en ruine, construit sur un éperon rocheux au XIX ème siècle. Pas question de faire une grimpette de plus, en ce qui me concerne. D’ailleurs, il faut que je recharge la batterie de mon vélo qui est complètement vide. Nous sommes logés dans une auberge de jeunesse qui accueille randonneurs, cyclistes et touristes de toutes nationalités. Au Luxembourg, le réseau des auberges de jeunesse possède neuf établissements. Amusant : je croise des Chinoises dans les sanitaires communs. Le confort est sommaire, mais je dispose d’une chambre individuelle. Ce samedi soir, c’est soirée barbecue ! Après le dîner, je flâne dans ce village de 2 000 âmes où il règne une douceur de vivre. La nuit, le château illuminé, brille de tous ses feux. Le prince charmant n’est plus très loin…

 

Un parcours avec un dénivelé ambitieux avait été proposé la veille par notre deuxième guide, Jean-Marc dit Gian Marco, 62 ans, un banquier à la retraite d’origine italienne. Mais celui-ci a été rejeté à la majorité. Moi, E-bike Woman, j’étais partante ! Le trajet se poursuit donc sur la PC 3 Des Trois rivières (en clair, la Moselle, la Sûre et l’Our). Nous longeons effectivement les rivières de l’Ernz et pédalons tranquillement dans la forêt sur une route plate et bitumée. Echternach sera notre intermède « patrimoine et architecture » même si nous n’avons pas le temps d’en visiter les joyaux. C’est la plus ancienne ville du pays (5600 habitants) et le centre historique et culturel de la région de Mullerthal. Après un verre à l’hostellerie de la Basilique, je déambule dans les rues escarpées de cette charmante ville médiévale et j’interviews – sorte de micro trottoir – des cyclistes belges qui sillonnent le Luxembourg pour le week-end. Au compteur : 175 km par jour. Ils ont tous une mine réjouie et, bien sûr, des mollets en béton et un moral d’acier.

 

Nous poursuivons notre périple sur la route du Musée Tudor, un musée interactif dédié à l’électricité. Sur la piste cyclable, nous déjeunons au Kulturhaffmillermoler.Notre aventure se termine à Wasserbillig, là où la Sûre se jette dans la Moselle. Des bateaux sont amarrés le long du quai. Un couple s’active sur le pont de leur embarcation. Jeannette et Yves adorent la navigation. « Après le Canal du Midi, nous sommes contents de découvrir la Moselle », me confient-ils. Le tourisme fluvial, un autre mode de tourisme que je n’ai pas encore testé. Un jour viendra…

Pour en savoir plus : www.visitluxembourg.com

Neuf bonnes raisons de faire du cyclotourisme
  1. Découvrir un pays et différentes régions en contact direct avec la nature
  2. Faire du sport en couple, en famille ou entre amis (le duo gagnant : E-bike pour la femme, vélo classique pour l’homme)
  3. Goûter la liberté d’aller à son rythme, un œil sur Google Map (visite de sites (musées, châteaux, jardins…) siestes, flâneries, resto, …)
  4. Improviser les étapes, les lieux d’hébergement avec (B&B, Airbnb, booking.com, auberges de jeunesse… )
  5. Rencontrer les gens du pays (dans un village, sur un marché, dans un café…)
  6. Sculpter ses jambes, affiner sa taille
  7. Avoir le sourire, retrouver son âme d’enfant
  8. Bénéficier d’un sommeil de plomb
  9. Etre fier de soi et raconter son aventure

Plan de l'article :

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