Anny Duperey : “Dépasser ses épreuves par l’art et l’engagement”

De sa voix enjouée et chaleureuse, l’actrice se prête au jeu des questions-réponses et nous parle de son engagement pour cette association qui lui tient à coeur. Elle évoque également sa relation mère-fille avec Sara, 25 ans, comédienne et promise elle aussi à un bel avenir professionnel…

Comment s’est passée votre rencontre avec l’association SOS Villages d’enfants  ?

En 1992, j’ai publié le livre “Le voile noir”, dans lequel je parlais du deuil et notamment du drame que nous avons vécu avec ma soeur : être séparées après la mort de nos parents. C’est la pire chose qui nous soit arrivée  ! En effet, lorsque l’on n’a pas été élevé ensemble, on ne se connaît pas, les retrouvailles sont très difficiles, les liens distendus. C’est une catastrophe ! Suite à cette histoire, l’association m’a demandé de porter l’image de SOS Villages d’enfants.

Justement, devoir parler de cette épreuve doit être bouleversant… ?

Non, ce n’est pas du tout difficile : j’ai franchi ce cap là. J’ai passé quatre ans à écrire “Le voile noir”. Puis en parler, notamment pour sa promotion, a été thérapeutique ! J’ai pu enfin dire ces mots : “papa” et “maman”.

Pourquoi cet engagement ?

Si mon enfance a été marquée par un drame, j’ai ensuite eu beaucoup de chance en étant élevée par une femme absolument admirable, la soeur de mon père. C’est elle qui m’a donné toutes les cartes pour dépasser cette épreuve par l’art. Souvent, les résilients ont besoin d’aider les autres : ils s’orientent vers l’art ou le social.

Comment se passe votre action auprès de l’association ?

Je suis une porte-parole. En revanche, j’ai du mal à me rendre dans les villages SOS et voir ces enfants en souffrance. Je ne me sens pas “adulte aidante” : le contact avec les enfants en difficulté me ramène à ma propre histoire.

En parlant de lien familial, vous avez joué au théâtre en 2010 avec votre fille, Sara…

Ni l’une ni l’autre ne l’avait particulièrement souhaité mais cela a été un bon hasard ! Sa carrière étant déjà engagée (ndlr : Sara Giraudeau a reçu le Molière de la révélation féminine en 2007), elle était sortie de cette peur d’être “fille de”.

Comment avez-vous réagi lorsqu’elle vous a dit qu’elle voulait être comédienne ?

A 12 ans, je l’ai vue jouer dans une pièce à l’école et je me suis dit : “nous n’allons pas y couper !” (rires). Quand ça a ressurgi, à 15 ans, cela ne m’a donc pas du tout surprise ! Elle a un vrai talent et un tempérament artistique.

Est-ce facile de concilier vie professionnelle et rapports mère/fille ?

Avec Sara nous avons des rapports très simples. Cette pièce, “Colombe”, était l’occasion rêvée de voir si cela était vraiment le cas : il y a une dizaine de personnages dans cette pièce qui se déroule dans une époque très différente de la nôtre et nous n’avions pas à jouer de rôles mère/fille. Nous avons donc sauté le pas et cela a été formidable.

Quelle mère êtes-vous ? Est-ce que vous lui donnez beaucoup de conseils ?

Non, je ne lis rien de ce qu’elle va faire, je ne me mêle absolument pas de son travail.

A défaut, j’ai lu que vous la mettiez beaucoup en garde…

Oui, la première chose que je lui ai dit d’ailleurs est : “c’est long une carrière !”. Le but, c’est le chemin et les expériences qui vont l’enrichir.

Bio express

- 1947 : naissance à Rouen.

- 1955 : décès accidentel de ses parents. Anny est séparée de sa petite soeur.

- 1967 : elle est Marianne dans « 2 ou 3 choses que je sais d’elle » de Jean-Luc Godard.

- 1976 : elle incarne Charlotte dans « Un éléphant ça trompe énormément » d’Alain Resnais. Ce rôle lui vaut une nomination aux César 1977 dans la catégorie « Meilleur second rôle féminin ».

- 1982 et 1985 : naissance de ses enfants, Gaël et Sara.

- 1992 : début de la saga « Une famille formidable ».

- 2006 : elle joue au théâtre dans « Oscar et la dame rose ».

- 2010 : elle joue « Colombe » avec sa fille.

Zoom sur SOS Villages d’enfants

Cette association d’ampleur mondiale vient en aide aux enfants abandonnés, maltraités et séparés de leurs parents. L’objectif est le maintien du lien familial en permettant à ces fratries de grandir dans des villages d’enfants où ils sont réunis auprès d’une mère SOS.

Il existe 14 villages de ce type en France. Rens. : www.sosve.org et 01 55 07 25 25.

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