La ménopause démystifiée

Ne soyez pas effrayés, ce n’est pas une maladie. Simplement une autre phase de l’existence que nous avons la chance d’atteindre. Face au jeunisme ambiant, soyons fières de notre âge avec ses petits inconvénients mais aussi ses nombreux atouts !

Conversation à bâtons rompus avec une femme qui maîtrise triplement le sujet, en tant que gynécologue, vice-présidente de l’AFEM (Association Française pour l’Etude de la Ménopause) et femme ménopausée : le Docteur Michèle Lachowsky.

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Temps-Libre : Les baby-boomeuses sont nombreuses dans notre société. La ménopause n’est donc pas un phénomène réservé à une minorité. Et pourtant on n’en entend jamais parler comme si c’était une maladie honteuse qu’il fallait cacher…

Docteur Michèle Lachowsky : Nous sommes dans une période où l’âge est un problème. On n’a pas le droit de vieillir, de montrer ses rides ou sa silhouette qui ne va pas. Aujourd’hui, il faut être jeune, mince et bronzée, sans ça, on est personne.

T-L : Les changements physiologiques semblent aussi douloureux à vivre physiquement que psychologiquement…

Docteur Michèle Lachowsky : Il y a des changements physiques, c’est évident  ! Et ils sont d’autant plus difficiles à supporter qu’aujourd’hui, c’est mal vu… Souvent on les exagère parce qu’on les attend avec terreur. Et puis, il y a des familles où on en a tellement parlé : “Tu ressembleras à la tante Juliette, tu auras des moustaches et tu prendras des kilos comme elle…”, ou au contraire “c’est un événement banal, on l’a toutes bien supporté dans la famille”. En tous cas, les lignées de femmes se transmettent beaucoup de choses : du bon comme du mauvais. De quoi a-t-on peur à l’orée de la ménopause ? De vieillir, de n’être plus ce qu’on était, de perdre son pouvoir de séduction. Il y a la crainte que sa sexualité soit en jeu, que son compagnon s’en aille pour aller voir plus jeune… On se fait des films. Certains se réalisent, d’autres non.

T-L : Si la ménopause reste taboue, il y a un symptôme que l’on peut entendre sur toutes les lèvres lorsque on daigne s’y intéresser : les bouffées de chaleur…

Docteur Michèle Lachowsky : Ça, c’est la première trahison ! Vous pouvez cacher que vous n’avez pas vos règles, que vous avez fêté vos 50 ou 52 ans, mais les bouffées de chaleur, elles se voient. C’est très gênant… Heureusement, il y a des médicaments contre cela ! Mais attention, la ménopause n’est pas une maladie, c’est un phénomène physiologique normal. Il n’y a rien à traiter  ! Par contre, les symptômes du climatère*, eux, sont dignes d’être traités.

T-L : Parlons d’un autre facteur qui fâche…

Docteur Michèle Lachowsky : La prise de poids ? Elle est presque inéluctable. Mais n’oubliez pas que hommes et femmes prennent obligatoirement des kilos à partir de 20 ans jusqu’à 60 ans. Et puis, une de mes patientes me disait : “c’est fini pour les jupes droites !”. A la ménopause, c’est plus souvent une question de silhouette que de poids : on prend un peu de ventre, on perd un peu la taille, on s’élargit parfois au niveau des épaules.

T-L : Que peut-on dire pour rassurer la gent féminine ?

Docteur Michèle Lachowsky : C’est un phénomène physiologique qui arrive à toutes les femmes : au fond, c’est un clignotant dans le déroulé de leur temps. On entre dans une deuxième partie de la vie mais ce n’est pas la mort et on ne va pas être mise au placard ! Une de mes amies disait : “on ne devrait pas dire que c’est l’automne mais que c’est l’été indien”. Je trouve que c’est très juste.

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